Quatrième de couverture :
Le onzième jour après ma mort, papa est allé porter ma couette à la teinturerie. Monter la rue de Couédic, les bras chargés de ma literie, le nez dedans. Il se dit qu'il renifle mon odeur. En fait, ça pue, je ne les ai jamais fait laver ces draps ni cette couette. Ca ne choque plus. Au contraire : subsiste encore quelque chose de moi dans les replis blancs qu'il porte à la teinturerie comme on porterait le saint sacrement. Papa pleure le nez dans le coton. Il profite. Il sniffe encore un coup la couette, et il pousse enfin la porte du magasin.
Papa ne peut plus traîner. Condoléances, etc. Débarrasse papa de la couette. Papa aurait voulu que ça dure, une file d'attente, une livraison, une tempête, juste que ça dure le temps de respirer encore un peu les bribes de mon odeur. Papa se dépouille, il perd, il perd.
Ce que j'en ai pensé :
Un fils est mort brutalement et de l'endroit d'où il parle il nous décrit les effets de sa mort sur ses parents et surtout sur son père. Il décrypte tous ses gestes, Mieux encore, il les analyse et les interprète, il ausculte cette détresse, cette grande souffrance. Les larmes de son père sont presque insupportables. Ce père qui se souvient : leurs engueulades défilent, les bons moments passés ensemble… allers et retours sans cesse dans sa tête.
Il nous raconte sa mort fulgurante, des faits et gestes de son père, et de temps en temps de sa mère, lors des heures qui ont précédé cette mort, de la préparation des funérailles qui se met en marche immédiatement après dans un rythme qui échappe totalement à ses parents, des parents qui n'étaient bien sûr pas prêts car ce départ n'était tout simplement pas dans l'ordre des choses. La fin est étonnante, des coïncidences sont interprétées pour devenir les derniers vœux de ce fils disparu, une fin qui pour moi n’est pas vraisemblable, à l’opposé du début.
C’est bouleversant, mais aussi quelquefois troublant, car c'est la personne qui est partie qui parle et on se retrouve d'un autre côté qui se veut presque rassurant. Cet auteur nous parle de cette douleur de l'absence avec des mots qui frappent juste. J'ai vraiment ressenti beaucoup d'émotions en lisant les deux tiers du livre qui sont très proches d’une réalité, la fin est surprenante, irréelle. C’est magnifique de savoir et pouvoir écrire la douleur qu'entraîne la disparition d'une personne aimée, une douleur que j'ai toujours trouvée indescriptible. Je n’ai pas aimé la fin trop irréelle à mon sens par rapport au début.
4 commentaires:
Vu le thème, je ne le tente pas. En plus, si la fin est irréelle, ce n'est pas la peine du tout.
Le sujet ne me tente pas tant que ça... en tout cas j'imagine le bonheur que ce doit être de recevoir le Goncourt pour son premier roman ! (et la pression pour le second roman attendu au tournant donc !)
Noté dans ma LAL. Mais j'espère que la fin ne me decevra pas.
je note quand meme malgré tes bemols concernant la fin.
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