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Mes passions

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Quatrième de couverture :
De retour de la bataille de Solférino, le Provencal Jean Macquart s'est installé dans un village de la Beauce où il est devenu le valet du fermier Hourdequin. Mais quoiqu'il s'éprenne bientôt de Françoise, la nièce du vieux père Fouan, Jean reste un étranger pour la communauté villageoise : car le vrai drame qui va se jouer est celui de la terre que Louis Fouan a décidé de partager entre ses trois enfants.

Ce que j'en ai pensé :

Avec ce quinzième opus de la série des Rougons-Macquart Zola nous peint la campagne et la vie des paysans au début du 19ème.

Là entre le Perche et la Beauce , à cet endroit où les terres moins fertiles lui font donner le nom de Beauce pouilleuse, le provençal Jean Macquart, de retour de la bataille de Solférino, s'est installé comme valet à la propriétaire de Monsieur Hourdequin. Il va faire connaissance de la famille Fouan, une famille de paysans qui a grandie là depuis des siècles. De père en fils ils y ont vécu leur vie active et monotone des campagnes, avec le retour fatal des saisons, le train éternel des choses, les mêmes travaux, les mêmes veillées, les mêmes sommeils.

A la fontaine, là où toutes les femmes descendent prendre leur eau de table, se tient la gazette du pays. Les moindres évènements y trouvent un écho, on s’y livre à des commérages sans fin sur ceux-ci et ceux-là. Aujourd’hui chacune y va de ce qu’elle a vu ou entendu concernant la famille Fouan. Le père à l’approche de ses soixante-dix ans se sent bien fatigué, ses jambes ne vont plus et ses bras ne sont guère meilleurs. Ça lui fend le cœur de voir sa terre, sa si bonne terre qui se gâte, il aime mieux tout laisser que d’assister à ce massacre. Il décide de partager ses biens de son vivant entre ses deux fils et sa fille contre une rente pour passer ses derniers jours heureux. Mais pourquoi n’écoute-t-il pas la Grande, sa sœur qui lui dit : « Imbécile ! … Tu veux un conseil ! Faut être bête et lâche pour renoncer à son bien tant qu’on est debout. On m’aurait saignée, moi, que j’aurais dit non sous le couteau… Voir aux autres ce qui est à soi, se mettre à la porte pour ces gueux d’enfants, ah ! Non, ah ! Non. Ecoutes, retiens ça… Quand tu n’auras plus rien et qu’ils auront tout, tes enfants te pousseront au ruisseau, tu finiras avec une besace, ainsi qu’un va-nu-pieds… Et ne t’avises pas de venir frapper chez moi… ». Pourquoi ne lui prêtes-t-il pas une oreille attentive ?

Magnifique, magnifique livre. Zola nous frappe en plein visage avec une réalité brutale, crue et choquante de la vie paysanne. On entre dans la vie difficile de cette famille, tout y est nettement décrit, le cycle des travaux et des saisons, l’âpreté au gain, l’attachement à la terre, l’acharnement des haines, la malveillance vis-à-vis des étrangers, les drames secrets des familles, des villages, les brutalités sexuelles en ignorant les interdits moraux ou religieux. Des moments valent leur « pesant d’or » : l’entrevue chez maître Baillehache avec la famille au grand complet venue « faire ses arrangements » où les discussions des futurs héritiers sont assez sordides, la scène de l’âne ivre et malade d’avoir bu vingt litres de vin…D’autres sont poignantes : voir ce pauvre vieux passé d’une maison à l’autre, n’ayant affaire qu’à des enfants qui n’en veulent qu’à ses quelques sous !

Ce qui est frappant c’est cette politique qui pourrait bien s’appliquer à d’autres époques avec notamment ces nouvelles machines que seuls les gros propriétaires achètent, les nouvelles méthodes avec les engrais qu’ils essaient d’introduire, les blés Américains qui arrivent et qui rivalisent avec le blé Français contraignant à des prix plus bas, à de plus amples difficultés qui entraînent les jeunes à émigrer vers les villes pour travailler à l’usine…

Comme toujours, avec Zola, voici une merveilleuse lecture. On a l’impression d’y être, de la sentir cette terre ! Et on y est dans ce petit village, on écoute mais on ne dit rien pourtant on la sent venir cette descente aux enfers de cette famille Fouan. Une de mes lectures préférées de la série.

Une lecture à inscrire dans les challenges

et

2 commentaires:

Midola a dit…

Je retiens le qualificatif "magnifique" ! Je ne l'ai pas encore lu et le mets du coup en tête de liste !

Stephie a dit…

Ce roman est un chef d'oeuvre, sans doute un des plus cruels de la série !