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Mes passions

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Elle a quarante ans, un soir son compagnon lui a dit "Salut", elle ne peut le supporter. Elle s'engueule avec tout le monde, débranche son téléphone, n'ouvre plus la porte. Entre ses yeux, les barres de la colère se sont installées. Elle ne sort plus, sauf pour aller à la lavomatique où par le hublot de la machine elle regarde son linge tourner pendant des heures en buvant du café. Puis un jour ça s'est présenté comme ça, à cause d'un poster sur un bus de ville, elle a pensé que Venise, peut-être ? Elle vide son compte en banque, et part pour essayer de revivre, de se reconstruire. C'est l'hiver, en plein mois de décembre, la ville, froide et humide, est désertée par les touristes Les locataires de la pension où elle loge l'arrachent à sa solitude. Il y a là un prince russe en fauteuil roulant, Vladimir Pofkovitchine, avec qui elle se retrouve tous les soirs à table et avec qui elle partage ses rencontres journalières, une jeune danseuse et son amant qui vivent pleinement leur amour, et Luigi, le discret propriétaire de la pension et ses dix huit chats. Au fil de ses promenades dans les ruelles de cette ville magique elle trouve une librairie, elle regarde et elle rentre. Dino, le libraire, lui fait découvrir les trésors de ses rayons, les palais et les petites places et fait renaître en elle le désir et l'envie de l'autre.


Mon avis : Après l'univers maritime de la Hague, c'est à Venise que cette lecture m'a transportée. A nouveau la mer, et à nouveau des conditions climatiques difficiles. Nous sommes au mois de décembre, Venise désertée de ses tourismes est froide et brumeuse. Nous sommes en présence d'une femme qui est seule elle aussi. Dans les déferlantes c'est la mort qui a mis fin à un grand amour, ici c'est la séparation de deux êtres qui se sont follement aimés et qui ne s'aiment plus. Dès les premières pages du livre, j'ai été marquée par cette femme brisée par une passion malheureuse et qui tente de ne pas sombrer. C'est à travers ses promenades que j'ai redécouvert Venise, la place San Marco, les ruelles, c'est à travers ses récits et ses émotions que j'ai aimé d'emblée ces autres personnages qui cachent eux aussi des cœurs meurtris, abîmés par les hasards de la vie. Tout d'abord, Luigi, le propriétaire de la pension avec ses dix-huit chats, solitaire et silencieux qui attend sa fille tout en construisant des maquettes en allumettes, elle doit venir avec son fils à Noël, et il les attend inlassablement. Carla ensuite, tiraillée entre son amour pour Valentino et son amour de la danse, et surtout le prince russe dans son fauteuil roulant, qui ne sort plus depuis de nombreuses années. Elle qui n'est attachée à plus rien, veut rentrer à l'heure pour dîner avec le prince, elle lui raconte Venise, tout ce qu'elle voit, tout ce qu'elle sent, elle lui ramène un peu de terre, un peu de neige, un peu de tout. A son contact elle découvre d'autres plaisirs de la vie, comme la musique, les échecs, il lui fait connaître les vins, lui apprend à les goûter, et il lui raconte sa vie, sa vie d'avant, son amour impossible, un prince de sang n'épouse pas une domestique, lui qui maintenant est seul à Venise, abandonné de sa famille, de ses enfants. Et puis il y a Dino Manzoni, le libraire taciturne et amoureux de Venise, auquel elle s'attache, ils se disent peu de choses, mais tout est dans leurs silences et leurs regards, c'est à nouveau ce picotement du désir, le retour du sentiment amoureux. Il lui fait don de livres, lui fait aimer des auteurs comme Duras, lui fait découvrir l'œuvre de Zoran Music ce peintre qui a dessiné les horreurs des camps de concentration, l'accompagne dans des endroits secrets de Venise. J'ai aimé ces moments de rencontres et de bonheur, ces longs silences, ces odeurs. Une belle lecture, un beau voyage dans Venise qu'on devine, qu'on visite, qui fait rêver. Merci à l'auteure de me faire vivre de si beaux moments.

1 commentaires:

Ikebukuro a dit…

Tu me donnes vraiment envie de lire ce livre, d'autant que j'aime beaucoup Venise, celle des petites cours, des ruelles perdues et des ponts cachés...